Certaines espèces végétales et animales disparaissant du fait de l'embroussaillement, les brûlages sont un des outils d’intervention pour restaurer les conditions de vie de ces espèces. Ils sont souvent réalisés dans le cadre de contrats environnementaux (NATURA 2000 ou MAE), ou à la demande des chasseurs. Toutefois dans l'ensemble des brûlages ces préoccupations sont prises en compte. |
Exemple de brûlage en mosaïque dans le massif du Madres, au profit de la perdrix grises (Photo - B.Lambert)
Dans les Pyrénées, l’aire de répartition de la perdrix grise se confond, à peu de chose près, avec celle des landes pastorales d’altitude. Elle se trouve donc directement concernée par la gestion des estives et notamment par l’utilisation du feu, qui a été réhabilité au cours des vingt dernières années dans les politiques locales d’aménagement de l’espace. Les connaissances acquises sur la sélection des habitats par cette sous-espèce permettent aujourd’hui de formuler certaines recommandations pour concilier sa conservation avec les objectifs pastoraux et environnementaux des brûlages dirigés. Ce qui répond à l’obligation de préservation des habitats formulée dans l’annexe I de la Directive européenne 79/409, à laquelle la perdrix grise des Pyrénées est inscrite.
Contexte général
Avec la quasi disparition des cultures céréalières d’altitude, l’aire de répartition de la perdrix grise des Pyrénées (Perdix, perdix hispaniensis) se confond aujourd’hui, à peu de chose près, avec celle des landes et pelouses d’altitude de la chaîne pyrénéenne.
L’origine et la persistance de ces milieux jusqu’à nos jours sont étroitement liées aux activités pastorales. Depuis quelques années, on assiste à une contraction de cet espace pastoral d’altitude sous les effets conjugués de la dynamique forestière naturelle et de la modification des pratiques d’élevage.
Pour freiner les processus de successions végétales et la fermeture des milieux qui en résulte, les éleveurs pyrénéens ont de tout temps fait appel au feu pastoral, dont l’objectif premier était le contrôle des ligneux envahissants au profit des herbages.
Aujourd’hui, la réinsertion du feu dans les pratiques d’aménagement de l’espace s’opère sur l’ensemble des Pyrénées (Métailié, 1998).
Dans la partie orientale du massif en particulier, le feu pastoral traditionnel a cédé la place à des opérations de brûlages dirigés, réglementairement encadrées, et dont les grands principes rappellent ceux du modèle anglo-saxon pour le brûlage des landes à bruyère.
L’empreinte du feu pastoral est visible quasiment partout dans l’habitat de la perdrix grise des Pyrénées, et l’étendue des soulanes pyrénéennes ne serait certainement pas ce qu’elle est encore aujourd’hui sans cette longue tradition.
Si le maintien à long terme des landes pastorales et le feu sont donc historiquement liés, on peut se demander quels sont les effets immédiats de cette pratique sur l’habitat de la perdrix grise et ses conséquences pour l’espèce. Nous avons réalisé une étude à cet égard dans les Pyrénées-Orientales qui aboutit à des recommandations, résumées dans le cadre de l'article à télécharger ci-dessous.
Gestion des milieux ouverts : brûlages dirigés, un outil à maîtriser
Le maintien de milieux ouverts sur de grandes superficies pose le problème du choix technique le plus pertinent. Il s'agit de trouver un compromis entre le coût de la mise en oeuvre et les attentes autant biologiques qu'économiques qu'expriment les différents partenaires en question.
Une réflexion sur ce thème s'est engagée sur la Réserve Naturelle de Nohèdes (Pyrénées Orientales) et plusieurs opérations d'entretien à objectifs multiples ont eu son territoire pour cadre ces dernières années. Cette Réserve Naturelle occupe 2 137 hectares répartis entre 900 m et 2 459 m d'altitude sur le massif du Madres Coronat. Elle occupe la haute vallée de Nohèdes dont le cours d'eau principal sépare un ubac forestier d'un adret couvert de landes à différents stades d'évolution. Les pelouses alpines occupent l'étage supra-forestier.